Aller au contenu

Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Christophe de Sandoval, parlait un peu cette dernière langue ; aussi avait-il été nommé président.

La fortune et la vie des bourgeois de l’Écluse se trouvaient donc entre les mains de trois militaires espagnols, qui ignoraient leurs coutumes, ne comprenaient pas leur langage et professaient le plus grand mépris pour les privilèges héréditaires de la nation. Tour à tour on faisait comparaître devant ce tribunal inique tous ceux à qui leur fortune permettait de se racheter par de grands sacrifices, et on les rançonnait impitoyablement sans distinction de parti.

La baronne de Berghes et sa nièce furent citées des premières ; car on avait vu la chaloupe qui les portait aborder le flibot du chef des rebelles. Elles se rendirent avec peu de gens à l’hôtel de ville, où siégeait la commission et dont les caves servaient de cachot à ceux qu’elle condamnait.

Quand elles arrivèrent dans la salle les juges interrogeaient un accusé, que les deux dames reconnurent pour le vieux capitaine allemand qu’elles avaient rencontré chez le bourgmestre. Elles assistèrent à son jugement.

— Comment vous nommez-vous ? demanda au prévenu le président don Christophe de Sandoval.

— Martin von Hohenstrass.

— Mauvais nom : Martin, ainsi s’appelait l’hérétique Luther ; pour Hohenstrass, ce mot-là n’est pas