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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/163

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les nuits à se quereller avec sa femme ; elle exige qu’il donne sa démission de peur d’être lapidé[1], et le pauvre homme aime mieux exposer sa peau que de renoncer à son traitement. Il est bien juste qu’il reprenne son sommeil quand l’occasion s’en présente.

— Vous ne savez pas, répondit le Flamand, ce que c’est qu’une femme rebelle !

— Citez-la devant nous, dit Del Rio.

— Elle nous arracherait les yeux, reprit Hessels ; ma chère moitié est un petit démon, et je crois quelle me forcera à la fin de résigner ma place.

— Seigneur Hessels, dit Jean de Vargas d’un ton sévère, ce serait vous montrer bien ingrat envers votre roi ; sachez que vous ne le feriez pas impunément.

Le pauvre Flamand pâlit, trembla et jura tout bas de souffrir en paix toute la mauvaise humeur de sa femme plutôt que d’encourir la colère du redoutable président.

Après un moment de silence le docteur Louis Del Rio demanda de quelles affaires on allait s’occuper.

— J’ai reçu, répliqua le président, une dénonciation de mon compatriote don Christophe de Sandoval, lequel recommande à nos soins deux dames de l’Écluse.

  1. Elle avait fait insérer dans son contrat de mariage, comme une clause essentielle, qu’il donnerait sa démission ; mais Hessels n’observa pas cette condition. Viglius, Epist. LXVII.