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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/179

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CHAPITRE XIX


On leur servit un repas splendide, auquel ils firent honneur, comme des gens dont un exercice violent avait aiguisé l’appétit. Les manières du mulâtre étaient celles d’un gentilhomme ; son langage était doux et modeste, et la reconnaissance se peignait dans ses regards chaque fois que le jeune Flamand lui adressait la parole d’un ton amical.

Une seule pensée empêchait Louis de Winchestre de montrer à ce noir l’intérêt qu’il lui avait inspiré ; il craignit, et sans doute avec raison, qu’un officier attaché au duc d’Albe ne méritât pas la bienveillance d’un noble Flamand : il conservait donc beaucoup de réserve, et le mulâtre, qui s’en aperçut, sembla deviner ses motifs.

— Homme généreux, dit-il, le service que vous m’avez rendu ne s’effacera jamais de ma mémoire ;