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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/20

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LE GUEUX DE MER

C’est un excellent homme, dit-elle, et la société qui se réunit dans sa maison se compose de personnes d’une piété et d’une loyauté éprouvées. On n’entend point là d’opinions dangereuses ni de principes hasardés : la conversation est édifiante, et, comme j’occupe la place d’honneur, c’est toujours à moi que l’on s’adresse. Ainsi je ne doute pas que vous n’y trouviez beaucoup d’agrément.

La jeune comtesse sourit et ne refusa point la proposition de sa tante, car elle savait que nulle part elle ne serait plus isolée que dans une société nombreuse. Elle se retira dans l’appartement qui lui était destiné, sous prétexte de s’occuper un peu de sa toilette ; mais, au lieu d’y donner tous ses soins, elle ne fit autre chose que de rêver à celui dont elle était séparée depuis si longtemps. Elle se rappela les jeux de son enfance, les serments de son jeune ami, et le jour fatal où il était revenu vainqueur mais coupable. Elle se redit que dans ce jour elle aussi l’avait offensé en exagérant sa faute, et ses larmes coulèrent jusqu’au moment où sa tante l’appela et la fit monter avec elle dans le carrosse qui les avait amenées le matin.