CHAPITRE XXII
Le secrétaire Albernot, le conseiller de Rhoda, le président Jean de Vargas et quelques autres affidés avaient suivi le gouverneur dans une salle particulière. Le duc, assis dans un large fauteuil, appuyait sa tête sur ses deux mains et paraissait occupé de graves réflexions : les autres, debout autour de lui, étaient partagés entre l’espérance de conserver leur crédit et la crainte d’encourir la vengeance du Roi. Ils connaissaient Philippe II et savaient que ce monarque hautain n’avait jamais pardonné la désobéissance ; aussi voyaient-ils la disgrâce prochaine de Ferdinand de Tolède, dans la chute duquel seraient sans doute entraînées toutes ses créatures.
C’était un singulier groupe que ces hommes comblés d’honneurs et tout-puissants dans les Pays-Bas ; mais en proie à toutes les angoisses de l’inquiétude,