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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/224

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couleur lui rappelait sa victime. — Éloignez-vous, murmura-t-il ; fuyez ! vous n’êtes plus mon fils.

— Je n’ai jamais mérité de l’être, répondit le mulâtre en se préparant à sortir.

— Où allez-vous ? s’écria le duc en le retenant.

— Rejoindre Louis de Winchestre.

— Et l’engager à me trahir ?

— Ce que vous m’avez proposé restera un secret pour tout le reste du monde… et cependant je voudrais détourner ce noble jeune homme de courir à sa perte ; il vous serait si facile de trouver un autre agent.

— Un autre homme qui ne tremblât point devant Philippe ! Don Alonzo, il n’y a que l’aigle qui puisse fixer impunément les yeux sur le soleil.

— Eh bien ! je ne le verrai pas, c’est le seul moyen de lui cacher mon inquiétude ; mais je renonce, dès ce jour, à vos bienfaits si chèrement achetés ; je renonce à cette cause injuste et maudite, pour laquelle vous avez pris les armes ; je ne m’occuperai que de secourir, s’il m’est possible, quelques-uns des malheureux que vous avez faits.

— Parlez sans détour, don Alonzo ; dites que vous allez rejoindre les rebelles.

— La religion et la nature ne permettent pas à un fils de s’armer contre l’auteur de ses jours,… et vous êtes… vous êtes mon père !

— Oui, malheureux ! oui, je le suis, et jamais père n’aima davantage son fils ! Revenez à moi, don Alonzo, je ne vous demande plus rien ! revenez à moi.