Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/229

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laume de Nassau ! Ah ! je le vois, le Ciel vous a récompensé d’avoir sauvé deux catholiques ; vos yeux sont dessillés, et vous avez abandonné cette infâme bande de rebelles. Il faut que vous ayez fait de grandes révélations au duc d’Albe pour qu’il vous ait accordé la grâce de deux accusées : sans doute vous lui avez appris tous les complots de vos anciens camarades. Ah ! si vous vous étiez repenti plus tôt, si Satan n’eût pas régné si longtemps dans votre cœur, vous auriez pu livrer le prince d’Orange lui-même à la justice du roi.

Dans tout autre moment le jeune homme se fût offensé des suppositions injurieuses de la vieille dame : mais Marguerite était auprès de lui, Marguerite lui devait sa liberté ; il était trop heureux pour prendre garde aux vains propos de la douairière.

Quand ils arrivèrent à la maison hospitalière d’où les deux dames avaient été arrachées par les agents du conseil des troubles, leurs hôtes furent presque effrayés de les revoir ; car ils les avaient déjà pleurées, croyant impossible à l’innocence la plus pure d’échapper à la rigueur de ce tribunal de sang : retenus par la présence d’un inconnu dont l’air majestueux leur imposait, ces bonnes gens ne se permirent aucune question ; mais la baronne ne put résister au désir de leur raconter sa merveilleuse histoire, et tandis qu’ils écoutaient son récit avec une attention profonde, les deux amants, restés seuls dans une autre chambre, purent s’entretenir librement.