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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/231

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cernent, et, prenant un ton sévère : Louis, répondit-elle, je pleurerais ce nouveau bienfait, si l’amour vous avait entraîné à des démarches indignes de vous. Dites-moi que vous n’avez point acheté ma grâce au prix de votre honneur, que vous n’avez point fléchi devant le ministre d’un tyran, que vous n’avez point à rougir de m’avoir sauvée.

— Le duc d’Albe, reprit le jeune homme avec fierté, a exigé de moi un service personnel. Ne baissez point les yeux, ô mon amie ! Loin de trahir la cause nationale, je la défendrai plus puissamment comme agent du duc d’Albe, que je ne pourrais le faire comme simple particulier. C’est à Madrid qu’il m’envoie…

— À Madrid ! interrompit Marguerite, et les pensées amères que ce nom réveillait lui arrachèrent un profond soupir ; mais, concevant bientôt la plus douce espérance, elle se rapprocha de son amant, lui tendit la main, et, lui jetant un regard plein de confiance : Louis, dit-elle, mon père est prisonnier dans cette capitale ; sauvez-le ! cher Louis, sauvez mon père !

Le jeune homme, qui avait jusque-là ignoré la captivité du comte de Waldeghem, resta interdit en l’apprenant. — Je n’aurais pas dû m’en étonner, dit-il enfin ; tous ceux qui portent un cœur généreux sont exposés à la haine de Philippe. Mais si l’adresse et le courage peuvent quelque chose pour arracher à la fureur du Roi cette noble victime, votre père, Marguerite, me devra sa délivrance. Oh ! que je bénis le