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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/237

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serrai si bien la gorge que, si on l’a repêché à temps, il portera au moins de mes marques. Puis je me réfugiai sous le bateau que nous avions relevé, et, passant par un grand trou que j’avais remarqué à l’arrière, je me trouvai là comme une huître dans son écaille. Je m’y salis un peu, continua-t-il en jetant un regard de commisération sur ses hauts-de-chausses ci-devant rouges et maintenant entièrement noirs : c’était un bateau de charbon ; mais je trouvai dans la chambre une bonne veste et du genièvre, ce qui me fit passer le temps assez agréablement jusque vers le midi. Alors je levai l’ancre, et je vous ai cherché, mon lieutenant, d’abord au palais espagnol, d’où vous veniez de partir, puis par toute la ville, et enfin ici, où je me doutais bien que vous seriez venu prendre langue.

La présence du vieux marin empêcha Louis de Winchestre de rester plus longtemps avec les deux dames. Il prit congé d’elles, après avoir renouvelé tout bas à Marguerite la promesse de délivrer son père, et il employa le reste du jour aux préparatifs nécessaires pour son voyage.

Après son départ Marguerite apprit à sa tante la mission dont il était chargé, et l’engagement qu’il avait pris avec elle de délivrer le comte de Waldeghem ; mais elle ne crut pas devoir détromper la vieille dame sur la prétendue conversion de son libérateur.