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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/251

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Genlis et la perfidie du roi de France, assassin de ses propres sujets, n’eussent fait échouer ses desseins au moment où le succès en paraissait incontestable ! Combien il aurait été touché de l’amour et de l’enthousiasme de ce peuple, dont il aurait assuré le bonheur ! Mais son cœur était déchiré quand il songeait que la colère du duc d’Albe serait bientôt fatale à ceux qui accueillaient si bien son ennemi ; leurs cris de joie, les noms de vainqueur et de libérateur que tous lui prodiguaient, la confiance et l’admiration qu’il lisait dans leurs regards faisaient plus cruellement ressentir le malheur qui semblait s’attacher à ses armes.

Quand il fut arrivé dans les rues de la ville, ces arcs de triomphe élevés à sa gloire et ces couronnes de laurier suspendues sur sa tête lui arrachèrent un profond soupir, et pendant quelques minutes sa figure trahit les sentiments qui l’agitaient ; mais bientôt le bruit des instruments de guerre le rappela à lui-même ; les trompettes sonnèrent cette marche fameuse qui a retenu le nom du héros ; à des sons lents et graves succéda un rythme rapide et élevé : c’était un chant de victoire après les gémissements d’une défaite ; le prince sourit : Acceptons cet augure ! dit-il à ceux qui l’entouraient ; quelle qu’ait été l’issue de notre entreprise, l’avenir nous réserve encore des succès.

On approchait de la Grand’Place, quand une troupe de gens du peuple vint à la rencontre de Guillaume en poussant de grands cris. Un prisonnier, un prisonnier ! répétait toute la multitude :