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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/253

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assassiner peut-être : mais il paiera cher son audace, et nous allons venger sur lui nos compatriotes égorgés.

En parlant ainsi ils brandissaient leurs piques et menaçaient déjà le malheureux captif, qui conservait, au milieu des armes dirigées contre lui, un maintien fier et assuré. Guillaume fit un geste et ils s’arrêtèrent. Le mulâtre répondit alors : Je voulais protéger, au milieu des désordres que tout faisait craindre, deux dames chères au seul homme qui m’ait donné le titre d’ami.

Le prince fut frappé du ton de franchise avec lequel le prisonnier s’exprimait. — Pourriez-vous, lui dit-il, me donner quelques preuves du motif que vous alléguez ?

— Aucune, répartit le jeune homme, d’un air à la fois modeste et ferme.

— Et vous ne cherchez pas à m’en imposer ?

— J’en suis incapable, répliqua le mulâtre en mettant la main sur son cœur.

Guillaume resta un moment pensif et comme oppressé par des souvenirs cruels. Je crois avoir entendu parler de vous, reprit-il enfin ; l’on assurait que le duc d’Albe vous témoignait plus d’affection qu’à ses autres fils ; est-ce la vérité ?

Le captif répondit avec un peu d’émotion : J’ai dû croire que je lui étais cher.

— Et savez-vous comment votre père a traité mon fils, un enfant de quatorze ans que j’avais laissé sous la sauvegarde des lois de mon pays ? — En pronon-