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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/262

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je ne sais à quoi il tient que je ne vous livre à l’instant au grand prévôt.

— Et s’il n’y a personne pour t’étrangler, je prêterai volontiers mon ministère, ajouta le capitaine Von Hohenstrass.

— Grâce ! grâce ! s’écria l’usurier en tombant à genoux ; grâce pour un pauvre marchand, père de famille ! Monseigneur, je vous avancerai tout l’argent que je possède au monde.

— Comme il vous plaira, maître Van Grip, répondit Guillaume ; mais retenez bien une chose : s’il m’est impossible de me procurer la somme nécessaire pour le paiement de mon armée, somme pour laquelle je suis prêt à offrir des garanties suffisantes, si vous me réduisez à faire vivre mes gens de butin, votre maison sera la première pillée.

— Pillée et brûlée, murmura le vieux capitaine, et si bien retournée avant et après, que nous trouverons ton argent dans ta cachette ou dans les cendres.

Le marchand tremblait comme une feuille, tournant tour à tour ses regards suppliants vers le prince et vers l’officier, dont l’air résolu était pour lui d’un funeste augure.

— Dix mille florins, monseigneur, dit-il à demi-voix, dix mille… ou au moins huit mille florins ; mais, au nom du Ciel, épargnez ma maison.

— Maître Van Grip, dit le prince, il m’en faut cent mille.

— Tuez-moi donc, si vous voulez ! Je ne puis rien