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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/310

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dans un fauteuil magnifique, et, jetant un regard plein de méfiance au jeune Flamand :

— Maintenant, dit-il, vous pouvez parler ; qui êtes-vous ? mais ne m’approchez pas, restez à cette distance.

— Sire, dit Louis de Winchestre, je suis un gentilhomme belge, chargé par le duc d’Albe d’une mission importante.

— Par le duc d’Albe ! s’écria Philippe en se levant à demi, et vous étiez avec la Reine, elle qui feint de le haïr ! Ainsi tout le monde s’applique à tromper les rois, reprit-il d’une voix moins élevée, après un moment de réflexion ; mais on ne se dérobe pas aisément à ma pénétration : j’avais tout deviné ; cependant je veux bien que vous me rapportiez ce que disait la Reine.

— Elle me reprochait d’avoir accepté une mission de l’oppresseur de mon pays.

— Tu mens, dit le Roi en frémissant de rage ; tu me caches la vérité : mais tu mourras.

— Je crains moins la mort que le mensonge, reprit froidement le jeune homme. Une réponse si ferme étonna le monarque ; il n’était pas habitué à un pareil langage, et il conçut une haute idée de l’étranger qui osait s’exprimer de la sorte devant lui.

— Et quelle est la mission du duc d’Albe ? reprit-il d’un ton plus doux.

— J’ai ordre de remettre une dépêche à Votre Majesté.