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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/378

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— Quelle direction prendre ? demande le lieutenant étonné.

Le jeune homme réfléchit un moment : aucune donnée certaine pour deviner la navire et tremblait de se tromper. Dirk Dirkensen haussait les épaules : Capitaine, dit-il, fiez-vous à votre vieux pilote ! ces moricauds n’ont pas osé se hasarder dans la Manche, qui est remplie de corsaires de toutes les nations : ils ont pris au nord, pour tourner les îles Britanniques ; mais notre flibot est bon voilier, et que je passe pour un novice si nous ne les rattrapons dès demain !

L’avis du vieillard fut approuvé ; on profita du vent de sud-ouest qui soufflait avec assez de force, et le flibot fit voile vers le nord. Le jour était à son déclin : pendant toute la nuit Louis de Winchestre resta sur le pont, et le matin ce fut lui qui le premier découvrit au loin le navire espagnol.

Le vent avait changé pendant la nuit ; il venait maintenant du nord-ouest, et soufflait avec violence. Les Espagnols avaient amené quelques-unes de leurs voiles, pour être moins exposés aux funestes effets d’une bourrasque. Mais le flibot zélandais avait toutes les siennes déployées, depuis l’extrémité du beaupré jusqu’au sommet du mât d’arrière. Les marins de quart restaient immobiles à leur poste, les autres étaient couchés dans leurs hamacs, afin que le mouvement d’un nombreux équipage n’imprimât point au navire un balancement qui eût ralenti sa marche. À la proue se tenait le capitaine, le porte-voix à la