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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/399

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encore. Le centre et la gauche des royalistes virent de bord pour faire face aux Hollandais, tandis que l’aile gauche occupera seule les bâtiments déjà désemparés de Frise.

La supériorité des forces était encore du côté du comte de Bossu ; mais ses équipages étaient découragés : s’ils n’avaient pu triompher d’une poignée de rebelles sans artillerie et presque sans armes, comment résisteraient-ils maintenant à une escadre en bon ordre ? La pâleur et la consternation sont empreintes sur le front des officiers espagnols. Le comte de Bossu seul se montre inébranlable : une noble satisfaction brille sur sa figure. À présent, dit-il, ce sera un combat et non plus un massacre ! à présent il y aura de la gloire à acquérir ! à présent nous verrons qui pâlira le premier !

Il fait donner le signal de se ranger en ligne, mais les vaisseaux obéissent lentement, et l’incertitude de leurs manœuvres trahit la frayeur des officiers. Plusieurs restent en arrière, ou se laissent aller à la dérive pour fuir le danger : à peine douze demeurent au premier rang, quoique l’ennemi encore trop éloigné ait cessé un feu inutile.

Cependant la flotte royale présentait encore un front menaçant : ces douze gros navires appuyés l’un par l’autre, et hérissés de canons, formaient une longue et redoutable batterie, dont on ne pouvait approcher impunément. Aux deux extrémités étaient placés les deux navires les plus considérables, le vice-amiral et l’Inquisition. Ces mobiles colosses,