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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/49

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LE GUEUX DE MER

Ils s’approchèrent de deux dames, et celui qui paraissait le chef de la bande prit la parole : Nous sommes fort heureux, dit-il, de rencontrer sitôt Vos Seigneuries, ayant un petit message pour elles. C’est de la part du capitaine qui commande la garnison.

— De la part de don Sandoval ? répéta Marguerite.

— Précisément, belle demoiselle… Mais veuillez rassurer cette bonne dame qui tremble comme une feuille. Nous sommes Castillans, et incapables de manquer au beau sexe.

La figure de celui qui parlait de la sorte et celles de ses camarades ne pouvaient faire prendre que pour une ironie amère leurs protestations de respect aux dames, car tous leurs traits exprimaient la brutalité de leur caractère, et ils ressemblaient moins à des soldats qu’à des bouchers.

— Si vous avez quelques égards pour nous, reprit la douairière, toujours prête à croire aux promesses d’un Espagnol, veuillez continuer votre chemin. Ne voyez-vous pas que votre présence effraie ma nièce ?

— J’espère que vous vous trompez, ma chère dame, répliqua l’Espagnol en ricanant ; cette belle demoiselle ne peut craindre les soldats de son adorateur. Par saint Jacques ! nous sommes tous prêts à verser notre sang pour elle.

Pendant ce petit dialogue le vieux domestique qui accompagnait les dames avait eu l’adresse de s’éloigner, et il courait à toutes jambes chercher du