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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/68

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LE GUEUX DE MER

parts autour de la baronne semblait avoir réveillé son enthousiasme pour la cause royale, et elle s’y livrait hautement, ne soupçonnant pas que les deux marins pussent avoir des sentiments contraires : Mon brave, dit-elle au vieux Dirk Dirkensen, auprès de qui elle était assise, vous avez vu sans doute beaucoup d’armées navales, mais je suis sûre qu’aucune n’était comparable à celle-ci. Que de vaisseaux ! Je doute qu’ils puissent trouver place dans le port de l’Écluse.

— Aussi n’y parviendront-ils pas tous, répartit le pilote en branlant la tête (car ce langage ne lui plaisait pas autant que les invectives de la bonne dame contre les Espagnols) : il y en a quelques-uns qui prendront la route de Flessingue.

— Vous présumez ? dit la douairière.

— J’en suis sûr, répondit le vieux marin, et il jeta un regard triomphant sur le flibot sans pavillon, qui se trouvait alors vers la droite.

— Ainsi, reprit la baronne, les pirateries continuelles de ces maudits gueux de mer vont avoir un terme et la foudre vengeresse anéantira bientôt leur repaire.

Les narines du pilote se gonflèrent d’indignation et ses cheveux gris se dressèrent sur sa tête : Flessingue détruit ! répéta-t-il en frémissant ; les gueux de mer enchaînés ! Je vous croyais Flamande, madame ; mais vous avez le cœur d’une Espagnole.

— Il est vrai, répliqua la douairière, qui regarda cette réponse comme un compliment, il est très vrai