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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/72

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LE GUEUX DE MER

— Ce sont des dames que nous avons arrachées des mains des Espagnols.

— Qu’elles soient les bienvenues !

La chaloupe arriva sous la poupe du navire, et aussitôt quatre marins vigoureux s’y précipitèrent. Deux d’entre eux saisirent la baronne et la transportèrent sur le pont sans lui donner le temps de se reconnaître : les deux autres allaient rendre le même service à Marguerite, et la jeune fille, effrayée de leur voix rauque et de leur air féroce, sentait un froid mortel glacer tout son sang ; mais ils furent repoussés par le jeune officier, qui, mettant un genou enterre devant elle, l’attira doucement dans ses bras, la serra sur sa poitrine, et, chargé de ce fardeau précieux, monta, en tremblant pour la première fois, sur le tillac du navire.

On offrit des sièges aux deux dames, et tandis que le lieutenant rendait compte à l’amiral de ses opérations, elles eurent le loisir d’examiner le bâtiment.

Autant l’extérieur de ce navire était simple et dénué d’ornements, autant sa construction légère et solide avait permis d’y multiplier les moyens d’attaque et de défense. Un filet de métal garnissait les côtés et ne s’ouvrait de distance en distance que pour laisser passer la bouche des canons : des chaînes et des grappins de fer, préparés pour l’abordage, étaient fixés à la proue ; des palissades, garnies de meurtrières, s’élevaient aux pieds des mâts et y formaient de petites forteresses ; des tonneaux de poudre, des