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Page:Monge - Coeur magnanime, 1908.djvu/120

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AMOUR


À son céleste amant pour voir notre âme unie.
Faisons chaîne de tout. Laissons nos cœurs aimer
Le beau, le vrai, le grand, sons, lumière, harmonie ;
Non, non, n’éteignons rien, sachons tout transformer.

Qu’elles palpitent, oui, nos fibres si vibrantes,
Mais pour Jésus, pour Lui jusqu’au dernier jour ;
Que notre lèvre boive aux coupes enivrantes.
Mais aux coupes du pur, du grand et bel amour.

Si la chair par moments y trouve des détresses,
D’aise et de joie aussi l’âme y vient se pâmer.
C’est là qu’on peut puiser de divines ivresses.
Ô frère, tournons là notre pouvoir d’aimer.

Oh ! le pouvoir d’aimer ! Il faudra qu’il domine.
Vainement l’on résiste. Il arrive toujours
À plier tôt ou tard cette pauvre machine,
Que nous appelons l’homme, à ses mille détours.

Quand la plaie est au cœur, tout l’être est en souffrance.
Cette plaie est besoin. Voulons-nous la fermer ;
Voulons-nous en avoir la prompte délivrance,
Il n’est qu’un seul moyen, aimer, toujours aimer !

Mais voulons-nous qu’aimer ne soit pas tromperie,
Voulons-nous ne pas voir se creuser plus avant
La plaie, et du besoin s’aviver la furie,
Rejetons ce qui n’est que fumée et que vent.

L’amour tient en ses mains la clef de notre vie.
À lui de nous ouvrir des jardins enchanteurs.
Ou des gouffres d’enfer ! Oh ! Malheur s’il dévie !
Malheur s’il croit réels des mirages menteurs.

À la déception il n’est point de remède.
Ce sera pour le cœur une éternelle faim.
Hélas ! non ! dans l’enfer il n’est nul Ganymède,
Qu’un Dieu vienne empoigner et jette au seuil divin.