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CŒUR MAGNANIME

grande capitale. Sans prendre le temps de me reconnaître parmi ce chaos de sentiments et d’impressions qui s’agitent en moi, au début de ma nouvelle vie, dans un petit coin de chambre perdue, comme moi-même, au milieu de cet immense Paris, bien vite, petite sœurette, je m’empresse de vous rassurer tous sur mon sort ; je sais trop combien mes nouvelles sont ardemment désirées là-bas, au cher pays, qu’à peine je quitte et que déjà je regrette…

Votre présence me manque, j’expérimente, à mon tour, combien il en coûte de vivre seul, loin du foyer, sevré soudain de cette atmosphère de tendresse dont je me sentais si chaudement enveloppé ; néanmoins je secoue ma précoce nostalgie et je me raisonne : mon départ ne sera point sans retour !

Avant d’entrer dans les détails de mon voyage, oh laisse-moi te redire encore, douce petite amie de mon enfance, combien je t’aime ! Ton image me poursuit sans cesse ; j’ai là, sur mon bureau, ta chère photographie : en revoyant ton si charmant sourire je retrouve tout mon courage.

Embrasse bien tendrement pour moi nos bons parents. Chers, chers parents ! parle leur de moi bien souvent chaque jour, à mon intention, dis leur quelque chose de doux et d’aimant. Qu’ils sachent que leur Rodrigue se souviendra toujours de leurs bienfaits : ils sont gravé dans mon cœur en caractères indélébiles. Je veux me montrer digne d’eux. Je renouvelle à Papa la promesse que je lui ai faite en le quittant : d’être un « bûcheur ». Oui, je suis résolu de travailler avec ardeur : je n’atteindrai jamais sa science, elle est au sommet je ne suis qu’à la base, je veux cependant m’en appro-