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Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/10

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beau. Il semble que la mort ait pris plaisir à moissonner les têtes les plus chères, et qu’il faille pleurer d’avance sur tous les jeunes hommes de talent que nous voyons grandir parmi nous.

Monneron a donné le signal de ces tristes départs. Son âme ardente a brisé sa fragile enveloppe ; il est mort à Göttingen, à 24 ans, au moment où il s’apprêtait à passer « le plus calme et le plus méditatif des blancs hivers. » C’était le 8 novembre 1837.

Le premier qui suivit fut Henri Durand. D’une nature expansive et confiante, il fut longtemps, par ses talents et sa gaîté, l’âme de cette société de Zofingen, qui a si fort contribué à entretenir parmi les étudiants suisses une vie patriotique et littéraire. Il s’abandonnait sans réserve aux charmes de l’amitié. Jouissant avec ses amis et souffrant avec eux, il chantait leurs joies et leurs douleurs communes. Comme aux bardes antiques, il lui arrivait souvent d’improviser ses vers en s’accompagnant de la harpe. Ils ne sont pas toujours irréprochables ; mais ils respirent tour-à-tour une douce mélancolie ou un enthousiasme noble et candide, qui ne lassent jamais. Élevé sous les yeux d’une mère pieuse, il garda jusqu’à la fin cette foi jeune et naïve qu’on ne retrouve guères aujourd’hui, et c’est avec raison que Vinet disait de lui, au moment où