Aller au contenu

Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une idée échappée à la ronde immortelle,
Qui glissa du zéphir où s’appuyait son aile…
Ne remonter jamais, redescendre toujours,
Avec un souvenir et des pleurs sans amours,
Se dire détaché d’une chaîne infinie,
Savoir que l’on détonne au sein de l’harmonie,
Et qu’il est par delà l’étoile et les cieux d’or
Un invisible ami qui nous appelle encor,
Ami que trop souvent nous refusons d’entendre…
Est-ce là se connaître ? est-ce là se comprendre ?


Je me compris peut-être en cet instant si pur
Où la terre est brouillard, où le ciel est d’azur.
Peut-être dans ces nuits de tristesse et de rêve,
Où la lune et les flots, endormis sur la grève,
Font soupirer leur ange aux paupières d’argent,
J’aurai compris mon être immortel et changeant.
Quand la brise d’automne hérisse le feuillage
Du bois, contre lequel s’appuie un blanc village,
Peut-être aurai-je vu, sur mon humble Jura,
L’étoile qui m’aimait, le ciel qui m’inspira…
Et cette lyre d’or et ces cordes de flamme
Que faisaient soupirer les ailes de mon ame,
Avant le jour où Dieu, de ses doigts tout puissants,
L’enfermait dans la poudre, et l’enchaînait aux sens.