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Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/45

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« J’ai gardé, nous dit-il, l’impression du travail, d’une vie âpre et laborieuse, je suis resté peuple… Si les classes supérieures ont la culture, nous avons bien plus de chaleur vitale… Ceux qui arrivent ainsi, avec la sève du peuple, apportent dans l’art un degré nouveau de vie et de rajeunissement, tout au moins Un grand effort. Ils posent ordinairement le but plus haut, plus loin que les autres, consultant peu leurs forces, mais plutôt leur cœur. »

Il attribuait en effet à son origine plébéienne cette chaleur, cette tendresse de cœur qui a été l’inspiration de sa vie. La pauvreté, les railleries du collège avaient un instant refoulé cette tendresse au dedans de lui, l’avaient rendu sauvage et misanthrope, sans que pourtant renie effleurât jamais son âme. Mais dès que, sorti du collège, il y rentra comme professeur, des qu’il put donner aux autres quelque chose de lui-même, son cœur se rouvrit, se dilata.

« Ces jeunes générations, aimables et confiantes, qui croyaient en moi, me réconcilièrent à l’humanité. »

Il était professeur au collège Sainte-Barbe depuis 1821. En 1827 il avait publié un