Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/86

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les liens qui l’unissaient à ses parents ! Il a conservé dans la préface du Peuple la mémoire des sacrifices accomplis par le frère et les sœurs de son père en faveur de leur frère, ceux que sa mère malade s’imposa pour lui-même. Il nous a laissé dans la préface de l’Histoire de la Révolution le témoignage du culte qu’il portait à son père et de la douleur que lui causa sa mort. Jamais il ne permit que l’oubli effaçât en lui l’image de ceux qu’il avait aimés ; et depuis la mort de sa fille en 1855 il garda au cœur une blessure qui dix ans après lui arrachait des plaintes d’une douloureuse éloquence[1]. Le culte des morts était pour lui une religion. Il appelait le cimetière « le vestibule du temple[2]. »

  1. La Sorcière, chap. VII, au sujet du jour des morts.
  2. Nos Fils, page 422. Ce culte pour les morts se montrait chez lui par des traits touchants. Il souffrait à la vue d’une tombe mal soignée, et quand il allait visiter les siens au Père-Lachaise, il lui arrivait souvent de taire orner de fleurs les tombes voisines de celles de ses proches. Il fit même une fois refaire la grille brisée du tombeau d’une personne qui lui était entièrement inconnue. Il est douloureux de penser que l’homme qui a eu tant de vénération pour les morts, au lieu de repo-