Aller au contenu

Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur quelques écrits de ce temps pour fonder l’Année littéraire, et qu’il passa de chez le libraire Duchesne chez le libraire Lambert, qui lui offrait dix louis par feuille, ce fut un tollé général. Tout le monde cria à l’indélicatesse, à la déloyauté, et cette clameur fut telle que l’écho s’en est perpétué de nos jours. M. Charles Nisard, dans ses Ennemis de Voltaire n’a pas assez d’indignation pour flétrir cette bassesse, cette friponnerie ; M. Eugène Hatin, dans son Histoire de la presse, s’associe plus timidement à ce blâme, mais il hasarde que les considérations de Fréron pourraient bien n’avoir pas été assez désintéressées. Moi, j’en suis convaincu. Je consens à crier comme tout le monde, à la condition cependant de savoir quels traités liaient l’auteur au libraire, et réciproquement. Si les Lettres étaient la propriété et l’invention de Fréron, on m’accordera bien qu’il avait le droit de les abandonner ou de les transformer. Comment ! durant six années, il rédige une publication moyennant un médiocre salaire, et quand on lui propose des