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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/133

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OLYMPE DE GOUGES.

voyages à Montauban et de ces rencontres avec une grisette, il advint ce qu’il advient ordinairement en pareil cas : un matin, de grand matin, l’église du faubourg reçut aux fonts baptismaux une petite fille que l’on appela Marie-Olympe, — Marie-Olympe tout court. Il faut croire que M. de Voltaire n’a jamais rien su de cette anecdote.

Le nom était bien un peu païen pour la fille de Nicolas Le Franc, marquis de Pompignan, mais ici le poëte eut le pas sur le dévot. L’enfant d’ailleurs ne s’en porta pas plus mal, au contraire : elle en reçut comme un reflet de la beauté d’autrefois, et ceux qui l’ont vue depuis dans tout l’éclat de sa jeunesse ne se sont pas fait faute de défleurir en son honneur le Dictionnaire mythologique de Chompré. On l’éleva assez au hasard, comme elle était née, et l’on supposa sans doute que le sang de son père le bel-esprit lui tiendrait lieu d’instruction, car on ne lui apprit ni à lire ni à écrire. Puis on se dit aussi que sa beauté ferait le reste. En cela on ne se trompa pas tout à fait.

À quinze ans, la jeune Olympe était déjà citée dans Montauban et au delà comme un prodige de grâce, de gentillesse et principalement d’espièglerie. Ses vertus, la chronique n’en souffle pas un mot, mais nous sommes fondé à croire qu’elle était suffisamment vertueuse, puisqu’à cette époque un très-honorable bourgeois de la province lui fit offrir sa fortune et sa main. La main était sèche et ridée, mais la fortune était rondelette ; Olympe accepta l’une avec un soupir et l’autre avec un sourire, puis elle devint madame Aubry, gros comme le bras.

J’incline à penser que M. de Pompignan ne fut pour