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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/157

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OLYMPE DE GOUGES.

23 janvier 1793. On se ferait difficilement une idée de la sensation produite par cet ouvrage, dont tout le mérite consistait dans des marches, combats, évolutions militaires. Les spectateurs, malgré leur indifférence pour les pièces de ce genre, ne purent s’empêcher de témoigner du mécontentement. Néanmoins la représentation alla jusqu’à la fin ; et l’auteur étant demandé par quelques voix officieuses, mademoiselle Candeille s’avançait pour le nommer, lorsque tout à coup une femme effarée se présente aux premières loges et s’écrie : « Citoyens, vous demandez l’auteur ? Le voici ! c’est moi, c’est Olympe de Gouges. Si vous n’avez pas trouvé la pièce bonne, c’est que les acteurs l’ont horriblement jouée ! »

Une bourrasque de sifflets et de huées accompagna cette déclaration au moins insolite. Mademoiselle Candeille assura que ses camarades avaient fait tout leur possible. Le public fut de cet avis, et cria : « C’est l’ouvrage qui est détestable ! » Olympe tenait tête à l’orage ; mais les spectateurs s’étant portés dans les corridors, les uns l’accablèrent de railleries, les autres la suivirent en lui redemandant leur argent.

La seconde représentation décida du sort de cette comédie ridicule. Le parterre ne permit pas cette fois qu’on lui en jouât plus d’un acte ; et, pour dissiper l’ennui général, la plupart des spectateurs s’élancèrent sur le théâtre et dansèrent la carmagnole.

Quelques jours après la chute des Vivandiers, Olympe de Gouges publia cette préface :

« J’ai été la victime d’un complot appuyé par les apparences les plus perfides ; tel a été l’art des comé-