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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/192

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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

On va punir la tyrannie
De tous ces clubs désolateurs, etc.

Quelques jours après, il s’écriait : « Si, comme cela se voit tous les jours, vous me forcez en passant de baiser le bonnet rouge et de saluer le peuplier, sous peine d’être pendu, en vous mettant vingt contre un, je ferai ce qu’il vous plaira que je fasse, mais vous n’empêcherez pas qu’au fond de mon cœur je ne dise avec amertume : — Voilà le bonnet de la tyrannie ! voilà l’arbre de la servitude ! »

Le Consolateur, que sa véhémence avait placé au premier rang des organes royalistes, cessa naturellement de paraître au 10 août. Le dernier numéro porte la date du 7. Le Cousin Jacques, pour qui il n’eût pas fait bon alors de se montrer à Paris, resta là où il se trouvait, c’est-à-dire chez son beau-frère, curé de Vincelles-la-Rue. Il y resta pendant près d’un an. Mais la retraite pesait à cet homme de mouvement ; les bruits qui venaient de Paris l’effrayaient et l’attiraient à la fois. Dans la prévision d’une comparution prochaine, et selon lui inévitable, devant le tribunal des sans-culottes, il amassait de tous côtés des certificats de patriotisme et de bonnes mœurs, afin de les opposer, le cas échéant, à ses accusateurs et à ses juges. Les municipalités de Vincelles-la-Rue, de Saint-Marien, où il allait quelquefois se promener le dimanche, de Sauve-Genoux, de Joigny et de Coulange-la-Vineuse durent tour à tour, sur sa demande, attester son entière soumission à la constitution.

À côté de ces prudences fort convenables, il avait des imprudences à déconcerter la raison : après avoir employé soins et temps à se forger une cuirasse, on