Aller au contenu

Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

Ses écrits conservèrent jusqu’à la fin leur cachet individuel, car il n’eut et ne voulut jamais de collaborateurs. Lorsque le Vaudeville, dont il avait été un des parrains, commença à entrer dans une voie de spéculation, et que onze auteurs se furent mis ensemble pour composer un petit acte sur Monsieur de Bièvre, lui seul ne céda pas à l’impulsion générale ; il travailla à l’écart, ce dont il convient de le louer. Aussi les jeunes gens d’alors ne manquèrent-ils pas de le traiter de radoteur et de le rayer de toutes les coteries.

Il fut, de son vivant, et même après sa mort, l’objet de critiques sévères et peu raisonnées. Devait-on gourmander avec tant d’amertume un littérateur de coin de feu, bonhomme comme pas un ? Songez donc, puisqu’il faut une excuse à son enjouement, que, deux fois dans sa jeunesse, il avait remporté le grand prix de l’Université ; qu’il avait occupé une chaire d’éloquence à Douai ; enfin, qu’il ne tenait qu’à lui d’être grave et pesant comme le premier venu, et que c’est uniquement par bonté d’âme et par compassion pour nous qu’il n’a pas voulu être un homme sérieux. — Douce et gaie figure ! honnête Cousin Jacques, cousin de tout le monde ! que tu mérites bien le nom d’Abel que tu reçus à ta naissance !

NOTES

Dans le tome Ier de ses Miettes (Paris, Ledoyen, 1853), M. François Grille a émietté quelques renseignements sur le Cousin Jacques :