sieur B** marchand de soieries, — mon créancier pour la somme de trente mille livres.
La maréchale s’arracha les bras et versa les plus belles larmes du monde, mais les trente mille livres lui firent faire la grimace, et pour cette nuit je dus aller coucher sous les verrous. Je m’y étais attendu, mais je m’étais attendu également au retour. Vingt-quatre heures ne s’étaient pas écoulées, que la maréchale, sortie victorieuse du combat livré à l’amour par l’intérêt, venait, bourse en main, me rendre la liberté.
Mon créancier de la rue des Bourdonnais fut payé de ses quatre mille livres. Quant aux vingt-six mille autres… Mais changeons de conversation, s’il vous plaît.
III
JE ME FAIS CHEF DE CABALE
Je m’étais logé aux environs de la Comédie française : ce voisinage me donna le goût du théâtre, et je devins en peu de temps un des habitués du parterre.
J’y apportai, comme partout, mon esprit de querelle et d’opposition. Entre tous les juges qui décidaient du sort des pièces, du destin des acteurs, je me fis remarquer par mon despotisme. On commença par me craindre, on finit par me rechercher : les comédiennes tentèrent de m’attirer dans leurs lacs, les comédiens m’envoyèrent des présents ; j’eus mes sympathies et mes antipathies ; — et, comme j’avais le verbe haut, l’œil impératif, le geste facile, et tou-