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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/27

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LINGUET.

venticules fanatiques, ma foi, monsieur, tant pis pour eux, je vous le déclare nettement. Et si c’est moi qui suis l’objet de ces cabales déshonorantes pour leurs auteurs, loin d’en être affligé, je m’en ferai gloire ; loin d’abandonner la conduite et les principes qui m’y ont exposé, je m’y attacherai plus que jamais.

« Je dirai à vous, monsieur, et à tous ceux qui feront semblant de penser que j’ai beaucoup d’ennemis, et qui, par cette ruse, se proposent d’en augmenter le nombre : Que vous ai-je fait ? Il n’y a pas dix gens de lettres qui connaissent ma figure. Plusieurs m’ont des obligations, pas un, je dis pas un seul n’a à se plaindre de moi. Aucun ne m’a trouvé sur son chemin dans la carrière de la gloire ou de la fortune. Je ne veux ni pensions, ni places, ni accueil dans les cercles. Je n’ai jamais fait de critiques. N’ayant donc jamais manqué à aucun des auteurs vivants et ayant bien mérité de plusieurs, quelles raisons auraient-ils de me haïr ?

« Seraient-ce-mes opinions ? Mais outre qu’elles ne sont pas aussi révoltantes qu’on affecte de le dire, il serait bien étonnant que je n’eusse pas la liberté d’extravaguer à ma mode, lorsque toute la philosophaille du siècle s’abandonne sans danger au délire le plus absurde ! Il est vrai que je n’ai point donné à mes nouveautés le vernis encyclopédique, ce passeport de toutes les ferrailles reblanchies, avec lesquelles tant de crieurs de vieux chapeaux philosophiques nous étourdissent. Mais, monsieur, ce n’est pas là un grand forfait.

« …… J’ai été étonné des préjugés, de l’absurdité qui règnent dans les principes de nos administrations