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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/286

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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

— Qu’entends-je ? dit le chevalier ; c’est charmant ! Quelle louange délicate et quelle façon habile de l’amener ! Avoir l’air de dire une injure et faire un compliment ! Ce jeune homme-là promet. Voyons la suite.

— Du pays qui m’a vu naître
Je ne suis jamais sorti ;
J’en sortirai pour connaître
Le chevalier de Mouhy.

— Oh ! oh ! qu’il ne se dérange pas ; il me connaît de réputation, cela suffit.

— Taille noble et jambe fine,
Œil brillant et réjoui ;
Voilà comme j’imagine
Le chevalier de Mouhy.

— Hum !… hum ! dit le chevalier en faisant la grimace ; il y a un peu à rabattre.

— Qu’il doit inspirer d’alarmes
À tout amant, tout mari !
Comment résister aux charmes
Du chevalier de Mouhy !

— Dans ma jeunesse, je ne dis pas… mais avec l’âge on se range ; d’ailleurs, il faut de la morale.

— Puissent donc les destinées
Conserver gras et fleuri,
Pendant de longues années,
Le chevalier de Mouhy.

Ici finit la mystification, qui, racontée par Champcenetz dans plusieurs sociétés, fit longtemps rire aux dépens du bonhomme.