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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/297

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GORJY.

aussi énormes par leur poids que par leur grandeur. Lorsque les premiers moments de tumulte furent passés, lorsque l’on songea à former une garde régulière, M. de Bosstacq, s’appuyant sur le zèle qu’il avait montré, se mit sur les rangs pour obtenir une compagnie ; mais on sentait trop combien un uniforme sur un corps si bizarrement contourné aurait prêté à rire, et il ne put seulement pas obtenir une sous-lieutenance.

« On peut juger quelle fut sa douleur ; il s’emporta, fulmina, et jura qu’il prouverait que la taille ne faisait rien au courage. Il possédait une très-grande maison et un jardin assez vaste ; il métamorphosa le tout en citadelle. Remparts, bastions, escarpes, contrescarpes, esplanade, chaque coin présentait un extrait de fortification. Puis il fit chercher une cinquantaine d’hommes aussi semblables à lui que possible, et il en forma une compagnie à sa solde. Le service se faisait dans la citadelle Bosstacq aussi régulièrement qu’à Spandau : le matin, la diane ; le soir, la retraite ; dans la nuit, les rondes d’usage. Il y avait aussi l’heure des leçons d’escrime. Oh ! pour cela, Callot aurait été trop content de voir les incroyables attitudes de ces cinquante bamboches plus fantasques les uns que les autres, et il serait convenu que son imagination était restée bien en deçà de la réalité… »

Les Tablettes sentimentales du bon Pamphile contiennent en outre, — ainsi que presque tous les ouvrages de Gorjy, — quelques chansons et romances qui ne valent ni plus ni moins que beaucoup d’autres, mais qui ne valent pas cependant un examen spécial. Les vers sont la petite vérole de l’esprit,