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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/316

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OUBLIÉS ET LES DÉDAIGNÉS.

IV

’ANN’QUIN BREDOUILLE ROI. — LA GUILLOTINE.
CONCLUSION.

Un soir, autour d’une table, i’Ann’quin Bredouille joue aux cartes avec Adule et madame Jer’nifle, lorsqu’ils sont interrompus brusquement par l’arrivée du locandier ou maître de l’auberge dans laquelle ils logent depuis plusieurs jours. « À quel jeu jouiez-vous, s’il vous plaît ? demande-t-il. — Nous avions, répond i’Ann’quin, commencé une partie de piquet. — Triste jeu que celui-là ! Je veux vous en apprendre un nouveau, celui que l’on joue le plus à présent dans toute la ville de Néomanie. » Là-dessus, le locandier prend les cartes, commence par les mêler, en distribue un certain nombre à chacun ; puis il s’arrête tout court, se frotte le front, se gratte l’oreille ; il les reprend, les mêle de nouveau, se trouve encore aussi embarrassé, recommence une troisième fois… « Diable, dit-il, c’est pourtant cela : l’essentiel est de beaucoup les mêler ; mais attendez, je vais vous chercher le livret instructif. » Il sort, et revient presque aussitôt avec le livret annoncé. À en juger par le frontispice, ce doit être un ouvrage profond, car il est le résultat des travaux d’une société entière, rassemblée pour la propagation des lumières nouvelles. Voici quelles sont les règles du jeu :

« Une poignée de basses cartes prises au hasard.

« Beaucoup de piques.

« Peu de cœurs.

« Grand nombre de valets.