Aller au contenu

Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/373

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
359
PLANCHER-VALCOUR.

Après ce nouveau tour de France, qui dura sept ou huit ans, Plancher-Valcour, de retour à Paris, obtint l’autorisation de bâtir, sur le boulevard du Temple, à côté de l’hôtel Foulon, un petit théâtre auquel il donna le nom de Délassements-Comiques. Il y était à la fois auteur, acteur et directeur ; il y jouait tous les genres, depuis l’opéra-comique jusqu’à la pantomime et au ballet. Cette entreprise prospéra tellement, que les grands théâtres en devinrent jaloux, et cabalèrent si bien auprès du lieutenant de police que celui-ci défendit aux acteurs des Délassements de jouer autrement que derrière une gaze. Mais le lieutenant de police comptait sans la Révolution : un soir, le lendemain ou le surlendemain de la prise de la Bastille, Plancher-Valcour déchira la gaze en criant : — Vive la liberté !

Avec ce mot, l’auteur du Petit-Neveu de Boccace a fait son chemin sous la République. Faire son chemin, en style révolutionnaire, cela veut dire : sauver sa tête. Plancher-Valcour donna dans le côté excessif des auteurs de circonstance : il composa des sans-culottides et chercha des applaudissements dans la boue. Le théâtre Molière, dont il fut pendant quelque temps le directeur, et le théâtre de la Cité reçurent tour à tour ses élucubrations cyniques. Dans le Vous et le Toi, opéra-vaudeville, représenté le duodi, deux pluviôse de l’an second, Plancher-Valcour s’exprime en ces termes sur les modérés :

Ce mot seul me met en courroux :
Un modéré ! quel monstre infâme !
Oui, dans l’ombre, ces gens sans âme
Nous portent le plus grand des coups…