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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/394

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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

vous agréez ma prière, et que j’ajouterai au sentiment du profond respect avec lequel je serai toujours,

« Monsieur,
« Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
« d’Arnaud.

« Cul-de-sac Saint-Dominique, près la rue d’Enfer, quartier du Luxembourg.

« P.-S. Si en ce moment, monsieur, vous ne pouvez me faire toucher les douze cents francs, j’attendrai quelques jours en vous suppliant seulement de m’accorder sept ou huit cents francs, parce que le mal presse, et il est à son comble. Je vous le répète, je m’engagerai à payer sur les rétributions de mes pièces dans le courant d’une année. »

On lit en marge de cette lettre : Répondu le 4 juillet, envoyé quatre louis.

M. Villenave, le bibliophile, racontait des choses extraordinaires sur Baculard d’Arnaud, qu’il avait connu. Il m’en revient une à la mémoire. L’auteur des Épreuves du sentiment, qui garda jusqu’au tombeau de risibles prétentions et d’étranges coquetteries de visage, était chauve et très-ridé ; chauve, cela ne lui importait qu’à demi, et nous avons vu qu’il avait adopté l’usage de la perruque ; mais les rides faisaient son désespoir. Or, voici la singulière opération à laquelle il se livrait chaque matin, et dont M. Villenave affirmait avoir été plusieurs fois spectateur. Baculard, de ses deux mains, attirait, chassait courageusement ses rides vers le sommet de