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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/104

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LES RESSUSCITÉS

Quant aux habitués de tous les jours, les intimes des causeries du matin, c’étaient Lucien Bonaparte, M. Fox, madame Visconti, le général Moreau, Mathieu de Montmorency, cette maigre, blonde et pâle madame de Krüdner, — et ce joyeux vivant qui se nommait Ouvrard, personnage plein de verve et de gaie science, qui avait le faste d’un homme de cour, l’esprit d’un homme de lettres et l’argent d’un homme d’affaires.

La troisième résidence de madame Récamier, la plus affectionnée peut-être, c’était Saint-Brice, avec son paysage lumineux, ses eaux courantes, ses épaisses charmilles ; Saint-Brice, où elle eut le bonheur et l’audace de donner asile à madame de Staël poursuivie par l’empereur. On a dit que cette conduite honorable valut à madame Récamier une parole haineuse de Napoléon. — Haïr madame Récamier ! cela est-il possible ? Cela peut-il seulement se comprendre ?

Elle visita madame de Staël dans son exil, qu’elle partagea volontairement ; mais lorsqu’elle revint à Paris, la fortune de son mari s’était écroulée. Plus de somptueux hôtels, plus de châteaux féodaux, rien, — rien que