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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/116

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LES RESSUSCITÉS

que non-seulement je vis madame Récamier presque tous les jours, mais qu’en outre une circonstance particulière me mit à portée de juger de son esprit ; circonstance dans laquelle ni homme ni femme n’aurait pu dissimuler son insuffisance. Je fus promener en voiture avec madame Récamier pendant quatre ou cinq heures, sans autre compagnie que celle des enfants dont elle prend soin, et qui, certainement, ne se mêlèrent point de la conversation. Il n’y a pas de moyen plus sûr, pour connaître le degré d’esprit d’un homme qu’une conversation suivie en voiture (à moins que le sommeil ne s’en mêle) ; c’est là qu’il doit se développer ; et si les personnes qui sont renfermées dans une voiture étroite ont l’une pour l’autre un sentiment d’amitié, c’est là que la confiance est plus grande ; et cette femme, que l’on dit sans esprit, m’a fait voir, pendant quatre heures, qu’elle en avait.

» Le dernier reproche que l’on fait à madame Récamier, et qui est insignifiant, c’est son amour pour la magnificence. Les escaliers de sa maison ressemblent à un jardin, c’est affaire de goût ; les tentures de ses appartements sont en soie, les cheminées sont de