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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/129

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GUIZOT

roles[1]. Après cette profession de foi, M. Guizot fit l’éloge de son éminent prédécesseur, Destutt de Tracy ; il le fit sans réserves. Commencé par une apothéose du xviiie siècle, ce discours s’acheva par cette fanfare en l’honneur du xixe ;

« Voyez : la pensée est libre, la conscience est libre, le travail est libre, la vie est libre. Des institutions puissantes, les institutions que Voltaire allait admirer au loin, que Montesquieu expliquait à l’Europe surprise, garantissent toutes ces libertés. Un acte souverain de la France a prouvé au monde que désormais les

  1. Ces élans, cette chaleur, ne sont pas aussi rares chez M. Guizot qu’on veut bien le croire. Témoin cette page sur Strafford :
    « C’était non-seulement un esprit supérieur, mais une âme élevée, en proie, il est vrai, au tumulte des passions mondaines, dépourvue de moralité patriotique, et pourtant capable de conviction, d’affection, de désintéressement. Je comprends que Hampden l’ait condamné ; je ne comprends pas que l’histoire, en le chargeant de ce qui fit sa ruine, ne prenne pas plaisir à lui rendre ce qui faisait sa grandeur ; et pour mon compte, je suis sûr qu’en assistant à sa glorieuse défense, à son tranquille départ pour l’échafaud, en le voyant ne baisser la tête que pour recevoir sur son passage la bénédiction d’un vieil ami de prison, j’aurais senti le besoin de lui tendre la main, de serrer la sienne, et, au dernier moment, de sympathiser avec ce grand cœur. »
    Beaucoup de pages comme celle-ci, et M. Guizot serait sans rival parmi les historiens.