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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/138

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LES RESSUSCITÉS

« Je publie mes Mémoires pendant que je suis encore là pour en répondre, — dit-il dans son avant-propos. — Voulant parler de mon temps et de ma propre vie, j’aime mieux le faire du bord que du fond de la tombe. Pour moi-même, j’y trouve plus de dignité, et pour les autres j’en apporterai, dans mes jugements et dans mes paroles, plus de scrupule. Si des plaintes s’élèvent, ce que je ne me flatte guère d’éviter, on ne dira pas du moins que je n’ai pas voulu les entendre, et que je me suis soustrait au fardeau de mes œuvres.

» D’autres raisons encore me décident. La plupart des Mémoires sont publiés ou trop tôt ou trop tard. Trop tôt, ils sont discrets ou insignifiants ; on dit ce qu’il conviendrait encore de taire, ou bien on tait ce qui serait curieux et utile à dire. Trop tard, les Mémoires ont perdu beaucoup de leur opportunité et de leur intérêt ; les contemporains ne sont plus là pour mettre à profit les vérités qui s’y révèlent et pour prendre à leurs récits un plaisir presque personnel. Ils n’ont plus qu’une valeur morale ou littéraire, et n’excitent plus qu’une curiosité oisive. »

Oisif tant qu’on voudra, mais je suis de