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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/167

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JULES JANIN

Autant il excelle dans le chef-d’œuvre en quelques pages, où il fait tout tenir, autant il paraît se dérober dans les compositions de longue haleine. Il manque des qualités les plus essentielles du romancier. Il s’essouffle vite ; son style, qu’on a souvent essayé de caractériser, va de l’homélie à la tarentelle. Rien de plus facile à pasticher ; Balzac est celui qui y a le mieux réussi. Si vous voulez en être convaincu, lisez, dans Un grand homme de province à Paris, ce surprenant compte rendu de l’Alcade dans l’embarras :

« On entre, on sort, on parle, on se promène, on cherche quelque chose et l’on ne trouve rien ; tout est en rumeur. L’alcade a perdu sa fille et retrouve son bonnet ; mais le bonnet ne lui va pas, ce doit être celui d’un voleur. Où est le voleur ? On cherche de plus belle ; l’alcade finit par trouver un homme sans sa fille et sa fille sans un homme, ce qui est satisfaisant pour le magistrat et non pour l’alcade. Le calme renaît, l’alcade veut interroger l’homme ; ce vieil alcade s’assied dans un grand fauteuil d’alcade, en arrangeant ses manches d’alcade. L’Espagne est le seul pays où il y ait des alcades attachés à de grandes