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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/17

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M. DE JOUY

gantes en turban à plume et ses muscadins en chapeau de paille de riz ?

Je répète pourtant que cela n’empêche pas M. de Jouy d’être un homme de beaucoup d’esprit. Il a eu l’esprit du succès. Il venait après Rétif de la Bretonne, ce charbonnier de mœurs, et il a suffisamment expié les Contemporaines et les Nuits de Paris. Il a eu de l’élégance, de la finesse, de l’observation, du tact, alors que c’était chose presque nouvelle. Brossez et faites retoucher un peu ses toiles, et il vous restera d’agréables cadres d’antichambre, dont il ne faut pas trop faire fi.

M. de Jouy était né académicien. — Il fallait avoir fait bien peu de chose pour ne pas mériter un fauteuil à cette époque. Le pas même académicien de Piron n’était plus possible, et les immortels n’étaient point encore tourmentés par cet essaim de moustiques éclos dans les ruches nouvelles du journalisme. Ils marchaient fièrement dans leur force et dans leur liberté, comme l’Othello de leur camarade Ducis. Ils étaient eux-mêmes leurs critiques et leurs courtisans. Jamais l’Académie ne fut environnée de tant de majesté sereine. Ja-