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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/196

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LES RESSUSCITÉS

cialités parisiennes ; il savait où l’on débite la meilleure eau-de-vie de Dantzick, où l’on vend au verre la blanquette de Limoux. Cet épicier qui est à côté de la Comédie-Française, au coin de la rue Montpensier, tient toujours chaud un excellent punch au thé. On ne peut savourer de délicieux chocolat qu’au carreau des halles, à deux heures du matin, dans un café où dorment des maraîchers et des paysannes encapuchonnées. — Ainsi me disait Gérard de Nerval.

Ce n’était cependant pas un buveur, surtout dans l’acception brutale du mot. Il entrait beaucoup plus de littérature que d’autre chose dans cet amour du cabaret et des mœurs de la rue. C’était l’influence d’Hoffmann, le ressouvenir des Porcherons, la lecture de Rétif de la Bretonne. Comme tous les promoteurs de la Renaissance de 1830, Gérard de Nerval voyait avec les yeux des peintres ; il aimait les intérieurs populaires pour leurs couleurs étranges et leur énergique harmonie. C’était Jean Steen.

En ce temps-là, Gérard de Nerval travaillait beaucoup. Il revenait d’Orient, il écrivait son voyage ; il rendait compte des premières