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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/20

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LES RESSUSCITÉS

orties, ou plutôt il se fît ermite politique pour sa dernière métamorphose. Il regarda l’affiche de ce jour-là, et, comme on donnait le spectacle de l’opposition libérale (première représentation), il se dirigea, non plus vers la salle, mais dans les coulisses, où il demanda un casque et une épée de comparse, en chantant de toute la force de ses poumons ce que Duprez devait chanter plus tard : Amis, secondez ma vaillance !

Un jour, il rencontra Benjamin Constant qui lui rit au nez. — M. de Jouy faillit se fâcher, et lui demanda sérieusement si ce nouveau costume ne lui allait pas aussi bien qu’à tout autre. Et, à ce sujet, il le pria d’écouter un instant ce petit morceau d’éloquence sur les affaires intérieures, et puis cet autre aussi sur nos relations avec le cabinet de Londres. Et quand M. de Jouy eut fini, il n’attendit pas que Benjamin Constant lui eût répondu pour lui dire son avis, il s’en alla tout droit faire imprimer ses deux articles. — Ces poëtes sont tous ainsi. Il leur faut absolument la politique pour baisser de rideau.

M. de Jouy fut un des derniers voltairiens, — un voltairien paisible et inoffensif toute-