Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
LASSAILLY

vert, qui lui donnait l’aspect du plus osseux figurant des théâtres du boulevard.

Après quoi, il alla ouvrir.

C’était bien M. de Balzac, en effet, avec son chapeau aux bords retroussés, sa grosse canne enrichie de turquoises et ornée d’énormes glands. Il était jeune ; ses cheveux étaient d’un beau noir : ses yeux, sa bouche avaient cette ardente et heureuse vivacité qui montraient son génie entier. Un peu d’embonpoint ne lui nuisait pas.

En ce temps-là, — temps bien éloigné de nous déjà ! — M. de Balzac était non-seulement le premier, mais encore le plus fécond de nos romanciers.

Il avait besoin d’un collaborateur pour remplir divers engagements pris trop précipitamment avec ses éditeurs, et il avait jeté ses vues sur Lassailly, dont le talent était incontestable, quoique singulier et surtout peu pratique.

M. de Balzac expliqua en peu de mots à Lassailly ses intentions, et, sans lui laisser le temps de répondre, il l’entraîna jusqu’à sa voiture. Les deux laquais soufflèrent sur les flambeaux et les mirent dans leurs poches.

Le cocher fouetta vers les Jardies.