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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/298

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LES RESSUSCITÉS

tantôt habillant l’insolence d’un vêtement de gravité, tantôt faisant traîner à la raison toutes les fanfreluches et toutes les casseroles de la Courtille. M. Arsène Houssaye a dit vrai : Ourliac avait beaucoup de camarades et peu d’amis. La faute en était à son caractère trop exclusivement et surtout trop brillamment tourné vers la goguenardise. Il était le feu, l’entrain d’un repas d’hommes de lettres ; il en était aussi l’inquiétude. Il tirait ses pétards dans les jambes de tout le monde, ou bien, comme Musson le mystificateur, il choisissait une victime, et dès qu’il l’avait choisie, il ne la lâchait plus. Il était acerbe, quoique turbulent, et certains de ses bons mots produisaient une sensation de froid, comparable à celle d’un acier entamant l’épiderme. L’étude des parades lui avait donné un goût réel pour la cruauté dans le comique ; il ne parlait qu’avec délices des coups de bâton pleuvant dru sur l’échine, des côtes fracassées, des médecines amères, de la noyade et de la pendaison ; il se plaisait à faire frissonner son auditoire avec des détails chirurgicaux. Pour tout dire enfin, son esprit n’aimait qu’à travailler sur le vif. Aussi toutes ses plaisanteries n’avaient-elles