Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
294
LES RESSUSCITÉS

Le père. — Ce sont là des occupations secondaires, mon fils, nous en parlerons à leur tour.

Joséphin. — Ô papa, qu’avez-vous dit ? l’art, des occupations secondaires ! toute la vie d’un homme ! l’art, cette doublure de Dieu ! ce culte, cette religion ! Écoutez ceci :

Le premier château-fort qu’on rencontre quand on
Débouche par le plus joli bois du canton,
Est celui du seigneur de Couci, le beau sir…,

Comment trouvez-vous ce début ?

Le père. — Ça coule, ça coule bien. Tu as de la facilité. Mais parle-moi d’abord de tes études.

Joséphin. — Inutile. Je n’ai pas de diplôme. Injustice criante ! Je n’ai pas été reçu. Il est vrai que je ne me suis pas présenté.

À ces paroles, la désolation du père commence. Joséphin ne fait qu’en rire. Il caresse sa barbe, il demande du feu pour allumer son cigare, il secoue ses manchettes et pirouette avec des façons débraillées.

« Palsambleu ! ma jolie cousine, il est fâcheux que vous ne soyez pas une femme du bel-air avec le mantelet, les mules et les mouches, et mon père un vieux roué avec la bourse et l’épée ; je me serais cru, au milieu de ces meubles du temps, en partie fine, dans une petite maison du faubourg Saint-Jacques.

Le père. — Mon fils, tu m’assassines ! Et tes inscriptions payées chaque mois, et tes livres, et ta pen-