Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
LES RESSUSCITÉS

dire, ce n’est pas du comique, dans le sens large et humain de ce mot ; ce n’est pas même de la caricature, quoique cela y ressemble d’abord. C’est quelque chose à côté, un sous-genre qui apprête bien des supplices aux linguistes de l’avenir, une nouvelle langue d’argot spécialement empruntée aux mœurs artistiques, et comme qui dirait des balayures des ateliers de peinture et des cabinets littéraires. L’expression, recrutée dans le vagabondage des entretiens les plus intimes, s’y montre sous un déshabillé dissolu, comme ces courtisanes qui hasardent tout dans leur demi-costume. C’est la folie organisée en rhétorique et rencontrant, à travers ses écarts, d’incroyables bonnes fortunes de pensée et de forme. Un mot créé sous le dix-neuvième siècle, mais trop souvent détourné de sa vraie signification, — la blague, — pourrait servir à qualifier certains aspects de cet idiome, si difficile à baptiser. L’auteur de la Jeunesse du Temps a, un des premiers, popularisé l’école de la blague à une époque où la bourgeoisie rebelle estimait qu’elle avait déjà bien assez à faire avec le romantisme sur les bras. En même temps qu’Ourliac, on remarquait dans