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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/50

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LES RESSUSCITÉS

et Pichegru, — des fragments d’un poëme sanscrit, — la négation de l’authenticité du Nouveau Testament ; et, par-dessus le marché, une fable de Mancini-Nivernois, intitulée Le Papillon et l’Amour. Tout cela eut quelque succès en Angleterre.

Plus tard, c’est-à-dire trente ans après, Chateaubriand s’est prononcé lui-même sur cette production avec une brutalité sans exemple. Les notes qu’il y a ajoutées dans l’édition de ses œuvres complètes concourent à faire de ce livre un des monuments les plus singuliers de la littérature. « Je ne saurais trop souffrir pour avoir écrit l’Essai, » dit-il en commençant : « Ce ne sont qu’idiotismes et sottes impiétés ; une rage, une impertinence. Qu’est-ce que je veux dire ? En vérité, je n’en sais rien ; je me crois sans doute profond ! Comme j’arrangeais la langue ! quel barbare ! » Tantôt, c’est une approbation ironique : « Pas trop mal pour un petit philosophe en jaquette, » et mille autres épithètes, qui font qu’on se sent ému de pitié malgré soi et prêt à demander grâce pour lui-même à M. de Chateaubriand. Mais, la discipline à la main, l’auteur de l’Essai se retourne et vous répond comme