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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/71

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CHATEAUBRIAND

le forcent à s’habiller en Turc. — Chateaubriand en Turc ! Qu’a dû en penser M. de Fontanes, juste ciel !

Les Natchez ont eu le tort d’arriver après les Martyrs, quoiqu’ils fussent composés bien antérieurement. Ils complètent, avec le Voyage en Amérique, la série des précieuses études de l’écrivain sur le Nouveau-Monde, et renferment des descriptions, malheureusement mêlées à des discours de Satan et à des dissertations sur l’impôt. C’est du sauvage un peu à la manière de Saint-Lambert dans le conte des Deux Amis, et de Parny dans ses poésies madécasses[1]. D’autres tableaux cependant, celui de la moisson de la folle avoine et celui de la mort de René, révèlent la touche du maître.

Un peu moins de sécheresse dans les lignes eût peut-être assuré un succès durable au

  1. Le voyage à la cour de Louis XIV et surtout l’épisode du Natchez à une représentation de la Comédie-Française, seront toujours difficilement approuvés des critiques. — Le Natchez entre au théâtre, un soir que l’on joue Phèdre. Il s’assied, et voici comment il traduit ses impressions au lever du rideau :
    « Une cabane, soutenue par des colonnes, se découvre à mes regards. La musique se tait ; un profond silence règne dans l’assemblée. Deux guerriers (Hippolyte et Théramène), l’un jeune, l’autre déjà atteint par la vieillesse, s’avancent